Le “7ème continent” : un océan de plastique
31 mai 2024
Vous vous rappelez de vos cours de géographie à l’école primaire ? 🤓 Vous avez bien appris, comme nous, qu’il existait 6 continents ? 🗺 Alors pourquoi parle-t-on, depuis une trentaine d’années, d’un “7ème continent” ? Aurions-nous découvert un continent caché, isolé du reste du monde ? Une cité engloutie ? Un royaume souterrain ? Ces hypothèses seraient bien plus réjouissantes que la réalité. Le “7ème continent”, également appelé “vortex de plastique” est un immense amas de déchets 🚮 tourbillonnant dans les eaux du Nord-Est de l’océan Pacifique. On vous parle aujourd’hui en détails de ce véritable fléau pour la biodiversité, pour notre santé et pour celle de la planète.
Le 7ème continent : de quoi parle-t-on exactement ?
C’est l’océanographe américain Charles Moore, qui a découvert pour la première fois, en 1997, cette décharge à ciel ouvert en plein océan. De retour d’une course maritime, cet explorateur a décidé d’emprunter un nouvel itinéraire, habituellement évité par les marins. Petit à petit, les animaux marins 🐬 se faisaient plus rares, tandis que les déchets plastiques étaient de plus en plus nombreux à défiler contre la coque de son voilier ⛵. À son arrivée, il a fait part de sa découverte au grand public et les scientifiques ont commencé à s’intéresser à ce phénomène inquiétant.
Quelques chiffres :
👉 En 2022, cette “grande poubelle du Pacifique” s’étendait sur 3,5 millions de km², soit 6 fois la surface de la France.
👉 Sa taille a doublé en 4 ans (1.8 millions de km² en 2018).
👉 Le “7ème continent” compterait aujourd’hui 80 000 tonnes de déchets plastiques.
Plutôt qu’un continent, ceux qui l’ont vu décrivent ce gigantesque amas de plastiques comme une “soupe de déchets” constituée de rebuts en tout genre, en suspension, de la surface à 30 mètres de profondeur : bouteilles, emballages, filets de pêche, microplastiques, …
Mais cette décharge océanique n’est malheureusement pas la seule en son genre. Il en existe 5 à ce jour : la plus grande, celle du Pacifique Nord (le fameux “7ème continent”), mais aussi dans le Pacifique Sud, dans l’Atlantique Nord, dans l’Atlantique Sud et dans l’Océan Indien.
Comment ces amas de déchets se sont-ils formés ?
Excellente question qui en cachent deux autres !
D’où proviennent ces déchets ?
Le fruit d’années de recherche nous permet d’identifier aujourd’hui la nature et l’origine de ces déchets. On distingue tout d’abord différents types de déchets, répertoriés selon leur taille :
👉 Les microplastiques mesurent entre 0,05 et 0,5 cm
👉 Les mésoplastiques mesurent entre 0,5 et 5 centimètres (ex : des bouchons)
👉 Les macroplastiques mesurent entre 5 et 50 centimètres (ex : des bouteilles)
👉 Les mégaplastiques mesurent plus de 50 centimètres (ex: du matériel de pêche)
92% de la masse totale de ce vortex seraient des déchets de plus de 0,5 cm et la moitié serait du matériel de pêche abandonné 🎣. Une autre part importante de ces déchets est constituée d’objets à usage unique 🥤.
Une autre statistique intéressante : ces déchets seraient à 80% acheminés depuis les terres (les côtes mais aussi la haute-mer où se concentrent les activités de pêche) par le vent 🌬 ou les cours d’eau.
On estime aujourd’hui que sur les 300 millions de tonnes de plastique produites dans le monde, 30 millions finiraient dans les océans, soit 10% de notre production. Un tableau peu réjouissant, on vous l’accorde.
Pourquoi s’agglomèrent-ils à ces endroits bien précis du globe ?
On pourrait en effet se demander pourquoi ces déchets ne sont-ils pas plus répartis dans les océans ou sur les côtes ?
Ces grandes poubelles océaniques se trouvent dans des zones où les courants marins convergent et, sous l’influence de la rotation terrestre, s’enroulent sur eux-mêmes dans de grands tourbillons 🌪. C’est la force centripète de ces tourbillons géants qui emprisonnent les déchets dans ces vortex, appelés gyres océaniques.
A noter qu’une grande partie des déchets provenant des fleuves se retrouvent en réalité sur les côtes et n’atteignent jamais les fameux vortex.
Quelles sont les conséquences de cette pollution à grande échelle ?
L’impact de ces amas de déchets plastiques est multiple.
🐢 Un danger pour la faune et la flore marine
🎣 Une des premières conséquences de cette pollution est ce qu’on appelle la pêche fantôme : le matériel de pêche abandonné ou perdu piège un grand nombre d’animaux marins : poissons 🐠, tortues 🐢 et mammifères marins 🐬 s’empêtrent dedans et n’y survivent pas.
🦐 L’ingestion de plastiques est le deuxième danger pour la faune locale. Les tortues confondent les sacs plastiques avec les méduses dont elles raffolent. Les oiseaux marins 🐧 se repaissent et nourrissent leurs oisillons de morceaux de plastique qu’ils prennent pour des poissons. Les plus petits organismes ingèrent du plastique à la place du plancton dont ils ont l’habitude. Cette confusion causent au pire leur mort prématurée, au mieux la contamination de toute la chaîne alimentaire avec des microplastiques. Un “record” glaçant mais éloquent : 276 morceaux de plastique ont été retrouvés dans un oisillon 🐣 de 90 jours, soit 15% de sa masse corporelle. En le convertissant pour l’être humain, c’est comme si on retrouvait 8 kg de plastique dans notre estomac. 🤢
🌞 Les végétaux tels que les herbiers marins, les mangroves mais aussi les coraux, sont privés de la lumière et de l’oxygène dont ils ont besoin pour vivre.
👩⚕️ Un danger pour notre santé
🧽 Les déchets plastiques évoluant dans ces vortex finissent par se dégrader sous l’action des rayons du soleil et se délitent en une multitude de microplastiques. Or, ces plastiques sont également des éponges à polluants très performantes. Ces polluants se retrouvent comme mentionné plus haut dans toute la chaîne alimentaire, jusque dans nos assiettes 🍽, ce qui pose un vrai problème de santé publique.
⚖ Un danger pour l’équilibre des écosystèmes
🦀 Il y a quelques années, on s’est rendus compte que la vie grouillait sur ce continent de plastique. Et pourtant cela n’est pas une bonne nouvelle. Pour vous donner une idée, le neuston (=organismes vivant à la surface de l’eau) du 7ème continent est le plus dense jamais observé.
On y trouve des anémones , des algues 🌿, des mollusques 🐚, des crustacés🦀. De très belles créatures comme le dragon de mer bleu Glaucus 🐉 ou l’escargot violet Janthina 🐌. Principalement des organismes qui viennent des côtes, qui ont réussi à survivre et à proliférer sur le continent de plastique mais qui n’ont rien à faire là.
Les morceaux de plastique se déversant dans l’océan par les cours d’eau agissent comme de petits radeaux solides et persistants ⛵ qui transportent ces espèces côtières à travers les océans. Et ces petits voyageurs, emportés par les courants marins, finissent par s’introduire loin de leur milieu d’origine, avec le risque de perturber l’équilibre d’écosystèmes dont ils ne sont pas familiers, ou encore d’apporter des virus 🦠 dans des milieux qui n’y sont pas préparés.
Quelles solutions pour lutter contre ce fléau ?
Deux types d’actions sont à mener simultanément : réparer et prévenir.
Nettoyer les océans
L’un des plus grands acteurs luttant contre ce désastre écologique est l’ONG The Ocean Cleanup, créée par Boyan Slat. À 23 ans, ce jeune entrepreneur néerlandais a conçu un système qui promet de nettoyer les océans d’ici 2050. Le premier de ces dispositifs est lancé en 2018 sous le nom de System 001. Le principe est relativement simple à comprendre : il s’agit de barrières flottantes de 4m de profondeur, en forme de V, qui agissent comme un entonnoir et interceptent les déchets à la dérive.
Ce système utilise intelligemment les forces des courants marins pour fonctionner de manière efficace. Les courants profonds sont plus lents que les courants de surface. Boyan a donc eu l’idée de fixer aux barrières flottantes des ancres géantes lancées dans les profondeurs de l’océan. Résultat, les déchets en surface avancent plus vite que la barrière et se retrouvent ainsi naturellement piégés. Par ailleurs, ces barrières flottantes avancent très lentement, permettant ainsi aux poissons et autres créatures marines d’entrer et de sortir à leur guise sans se retrouver coincés.
Très vite, Boyan et ses équipes ont compris que ces systèmes de nettoyage océaniques n’étaient pas suffisants. Il était essentiel d’empêcher en premier lieu les déchets d’arriver dans les océans, de les intercepter donc plus en amont : aux embouchures des rivières.
En effet, 80% de la pollution des océans provient de seulement 1% des rivières dans le monde. Mais 1% des rivières dans le monde c’est tout de même 1000 cours d’eau avec leurs propres spécificités, physionomie et contraintes : les marées, la profondeur, la largeur, les courants, le trafic fluvial, la faune et la flore qui y vit, etc 🤯. Chaque système d’interception doit être adapté aux particularités de chaque embouchure.
Par ailleurs, ces collecteurs de déchets océaniques ou fluviaux peuvent intercepter les déchets de plus de 0,5 cm. En d’autres termes, ils ne peuvent rien contre les microplastiques déjà dissous dans cette grande soupe de déchets. Heureusement, pour le moment 92% de la masse des déchets est encore sous forme de macro-déchets, il est donc urgent de les retirer afin de prévenir leur dégradation en microplastiques dans les océans.
Une réduction des déchets est essentielle
Enfin, réparer le mal déjà fait, c’est une chose, mais pour remédier à cette pollution catastrophique des océans, c’est bien de la terre ferme que doivent venir les solutions. Il faut avant tout couper les robinets de la machine à déchets que nous avons créée depuis l’avènement du plastique à usage unique.
Pour empêcher les déchets plastiques d’arriver jusqu’à nos océans, plusieurs actions doivent être mises en place simultanément par les gouvernements :
👉 Réduire drastiquement la consommation de plastique à usage unique. (On vous avait d’ailleurs déjà suggéré des idées pour réduire les déchets plastiques dans votre salle de bain 😉)
👉 Perfectionner la gestion des déchets, de la collecte au traitement.
👉 Mettre en place des politiques incitant les pêcheurs à ramener leur matériel de pêche et à ne pas l’abandonner en pleine mer.
Vous en savez maintenant un peu plus sur ce “7ème continent” de plastique et sur les solutions qui s’offrent à nous aujourd’hui. De notre côté, on a décidé d’apporter notre pierre à l’édifice en créant 900.care, une marque de produits d’hygiène qui dit bye-bye 👋 au plastique à usage unique avec des produits rechargeables que vous pouvez facilement tester grâce à nos kits essentiels.
Et alors que l’été approche et les virées à la plage avec, on ne peut que vous conseiller la lecture de nos deux articles :
👉 5 astuces pour un été zéro déchet
👉 Moins de plastiques à la plage, ces habitudes qui changent tout
Sources : lemonde.fr – TV5 Monde – Sciences et avenir – The Ocean Cleanup – L’info durable – ONU – National Geographic : Boyan Slat : »D’ici 2050, nous aurons éliminé la pollution plastique des océans » – National Geographic : “Le 7e continent pourrait-il être amené à disparaître ? – Géo : Continent de plastique : qu’est-ce que le vortex de déchets du Pacifique nord ? – Géo : Plus de 90% des déchets du « Continent du plastique » du Pacifique proviennent de six pays – Huffington Post – Ouest France
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